• La pierre hébraïque de Béziers


    Il s’agit d’une étude effectuée par un universitaire anglais Cyril P. Hershon publiée dans la revue de la Société Archéologique et Littéraire de Béziers dans une édition parue en 1997 / 1998.
    La date de l’implantation d’une colonie juive dans notre ville n’est pas connue avec précision. Signe qu’ils sont présents dans la région au début du Moyen Age, le concile d’Agde qui s’est tenu en 506, interdit aux Chrétiens de manger chez les Juifs ou de les inviter chez eux.
    Une inscription funéraire remontant à l’époque romaine fait état d’un certain Abraham qui a fait souche à Béziers et qui décède à Javols en Lozère où il avait effectué une manière de pèlerinage.
    Selon Hershon, Béziers compte rapidement deux quartiers juifs, l’un proche de la cathédrale et connu sous le nom de « Petite Jérusalem » (à cause paraît-il de la vue qui ressemble à celle que l’on a de Jérusalem quand on y pénètre par la route venant d’Amman), l’autre vers l’actuelle rue du 4 septembre.
    Il est fait état de deux synagogues, d’une boucherie, d’un four communal pour préparer le pain azyme, d’un cimetière juif extra-muros, situé entre l’avenue Saint-Saëns et la rue Victor Hugo et sans doute d’un Mikveh (bain rituel). 
    La façade de la cathédrale Saint Nazaire représente une allégorie du judaïsme. Il s’agit d’une femme vaincue, la Synagoga, pourvue de tous les attributs de la déchéance : couronne et hampe de lumière brisées, Tables de la Loi tombées, yeux bandés… à côté d’une Ecclesia triomphante et souveraine !
    Les Juifs biterrois sont plutôt mieux lotis que leurs coreligionnaires narbonnais. En 1160 l’Evêque Guilhem abolit la coutume de la lapidation traditionnelle des Juifs et de leurs demeures pendant la Semaine Sainte qui jusque là était prêchée en chaire. Evidemment c’est en échange du paiement de quatre livres melgoriennes.
    Les Juifs font commerce avec le vicomte de Béziers qu’ils fournissent en miel, cannelle et poivre. La communauté juive ne participe pas à l’assassinat de Raymond Trencavel qui a lieu en l’église de La Madeleine le 15 octobre 1167. Aussi sera-t-elle épargnée par les représailles sanglantes de Roger II, le fils de la victime, et les soldats aragonais.
    La tolérance des Biterrois à l’égard des Cathares s’étendra aussi aux Juifs avant la croisade des Albigeois. Ils vivent alors en bonne intelligence avec l’ensemble de la population. A noter toutefois que judaïsme et catharisme sont inconciliables d’un point de vue théologique.
    Après le Sac de Béziers le 22 juillet 1209 la situation se dégrade. Dans un premier temps l’essentiel de la communauté juive quitte Béziers. Elle va séjourner quelque temps à Olot en Catalogne espagnole, après peut-être s’être arrêtée un temps à Carcassonne, emportant son bien le plus précieux, les rouleaux sacrés.
    Une inscription en caractères hébraïques, gravée dans une pierre scellée dans une maison de la rue du 4 septembre rend compte de cet exil et du retour des juifs à Béziers. Cette pierre est exposée au musée de la ville.
    Les divers conciles qui vont se succéder verront codifier la répression à l’encontre des Juifs. Celui de Narbonne en 1227 prend sept ordonnances qui confirment et aggravent celle prises par les conciles antérieurs : interdiction de pratiquer l’usure et obligation de remboursement au cas où elle aurait été perçue ; interdiction d’avoir des domestiques chrétiens, des nourrices chrétiennes ; obligation de porter la rouelle (l’équivalent de l’étoile jaune de sinistre mémoire !) ; interdiction de travailler le dimanche et jours de fêtes ; interdiction de vendre de la viande les jours de jeûne et aux marchés chrétiens ; interdiction de consulter un médecin juif sous peine d’excommunication.
    Encore que là un assouplissement de l’ordonnance est prévu. En effet, sous couvert de nécessité, un arrangement avec le Ciel permet de passer outre. C’est que les médecins juifs, qui ont des contact avec la civilisation arabe, sont réputés !
    Sont réputés également divers savants juifs qui cumulent souvent, comme c’est de tradition au Moyen Age, les fonctions de poètes, théologiens, médecins, mathématiciens…
    Parmi eux Hershon cite Abraham Bedersi et son fils Yedaiah Bedersi, Bedersi étant un surnom qui désigne Béziers en hébreu. On a trace d’une controverse avec un juif espagnol, Juda ben Sabbetai Lévi, sur le statut des femmes. Le second rédige un « Celui qui hait les femmes » auquel le premier répond par un « Celui qui aime les femmes ». On le voit les juifs de Béziers, peut-être influencés par les troubadours sont en avance sur leur temps !
    La prospérité des juifs de Béziers, et du Languedoc, disparaîtra sous Philippe IV le Bel qui, pour renflouer ses caisses, expropriera carrément les juifs, tuant ainsi la poule aux œufs d’or ! 
    On découvre à l’occasion des actes rendant compte de ces expropriations que les biens des juifs de Béziers sont de franc alleu (c'est-à-dire qu’ils ne sont soumis à aucune redevance) et que par ailleurs des chrétiens habitent dans les quartiers juifs.
    Bref, toute une organisation sociale juive existait dans notre ville jusqu’au XIV° siècle !

    Source :

    http://cessenon.centerblog.net/1974049-Les-Juifs-a-Beziers


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  • Entretien en anglais.


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  • Biterrois de la ville, biterrois de la diaspora si loin dispersés jusqu’au-delà des océans, nous aimons tous cette ville.

    Ce journal est là pour témoigner, dire combien nous aimons cette Cité Languedocienne, à l’esprit si particulier.

    Fierté, panache, faconde mais aussi valeurs nobles du "paratge" et de la fraternité.

    Et combien cette terre de passage cultive les valeurs de tolérance, de respect et de partage, pour se fixer un défi : celui de les transmettre à ces nouveaux arrivés.

    Le drame de l’intolérance ? Comment Béziers pourrait l’oublier ?

    Belle civilisation naissante de l’Occitanie si vite broyée par l’ignorance prétentieuse …

    Du haut de son promontoire, Béziers semble fixer l’horizon, puiser en Méditerranée le sel de son espérance en l’humanité.

                                                         ***

    Aujourd’hui, Béziers - ville de tolérance -  doit faire face à de nouveaux grands défis.

    Nous voulons – à travers ce média partagé – travailler à construire cette ville nouvelle qui fera la fierté de tous et celle des générations futures…

    C’est en puisant au fond de son histoire et de sa culture, que Béziers - nous en sommes sûrs - trouvera les réponses de son avenir prospère.

    Nous prenons comme modèle ce jour la figure emblématique du grand entrepreneur Paul Riquet, car nous savons pouvoir puiser dans ce constructeur la force des défis à relever : construire canal, ponts, relais, … pour rapprocher les Hommes.

    Nous voulons simplement - mais quel défi ! - construire Béziers en Cité-République des Hommes. 

    Qui ne voit qu'ainsi, nous resterons - plus que jamais -  fidèles à l’esprit magnifique de notre belle Civilisation d’Occitanie ?

    La Rédaction

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